dimanche 2 avril 2017

Mes vieux oripeaux




Pourquoi je cherche autant les mots à poser sur mes maux, comme s'il fallait que je les catalogue ou comme si je voulais rentrer dans une case.

Je me suis rendue compte que le mot "dépressive" fait maintenant partie de l'identité que je me suis construite. Et je me demande si je n'y tiens pas comme un vieux manteau usé mais confortable.

C'est un confort de savoir ... mais c'est une illusion. En fait, on ne sais rien, on le crois (ou on fait semblant), seulement. Je constate souvent que mon comportement ne correspond pas à ce que je suis sensée être à mes yeux.
Je crois qu'on se construit une identité... qui ne correspond pas à ce que nous sommes vraiment.
Déjà parce que la nature est changeante et que du coup, tout être qui en fait partie est forcément changeant... bien obligé pour pouvoir s'adapter. Et puis on change en fonction des expériences et de l'environnement.

A chaque fois que je dis « je suis ceci ou cela », je constate intérieurement que je pourrais aussi dire que je suis l'inverse de ce que je viens de dire... Mais quelle utilité peut bien avoir de vouloir se définir, comme j'essaye toujours de le faire ?
Est-ce que ça me rassure de faire entrer les "choses" dans des cases ? Est-ce que ça me donne l'illusion rassurante de "savoir" ?

Mais le confort et les certitudes empêchent d'évoluer.
Le confort émousse le courage.
Les certitudes nous rendent aveugles.

Je vis une vie sans grande difficultés matérielles. J'ai toujours été protégée de tout besoin matériel.
J'ai toujours fuis les contraintes, qu'elles soient sentimentales, matérielles ou de l'ordre des engagements et des responsabilités.
Je crois qu'il y a deux raisons à ça.
Etant à l'abris, matériellement, je suis restée dans ma zone de confort (ce qui est un comportement tout à fait naturel et normal).
N'ayant aucune confiance en moi, j'ai toujours pensé que je n'étais pas capable de faire autrement.

Je crois que la dépression est une forme de fuite. Et j'ai passé mon temps à fuir.

Je vois aujourd'hui combien il faut de courage pour "vivre"... vivre vraiment, pas du bout des orteils. Ou alors il faut de l'inconscience.. et j'en manque un peu !
Je ne tiens pas particulièrement à la vie, ça m'handicape un peu pour affronter les difficultés normales de la vie... mais je trouve que j'ai vraiment manqué de courage.
C'est peut-être pour ça que je ressens cette honte parfois ténue, parfois si lourde. Je crois que je m'en veux pour ce manque de courage.

Aujourd'hui, il faut que je me pardonne... et que j'affronte...

3 commentaires:

  1. Il me semble que l'humain a besoin d'une identité.
    Indépendamment de toute croyance ou religion, j'aime bien quand dans la Bible il est dit que Dieu appela chaque chose, chaque être vivant « par son nom ».
    Cela a certainement quelque chose de vital.

    Pour ma part, je ne crois pas que « être dépressive » puisse être un trait de l'identité de la personne. En revanche on peut vivre « des épisodes dépressifs » pour toutes sortes de raisons tenant à l'histoire de la personne, Aux circonstances de la vie, aux épreuves qui nous mettent par terre, etc.…
    je me permets d'attirer ton attention sur ceci :
    il y a une différence entre « je dis de moi ceci ou cela », qui relève du cérébral (pour faire court dans l'expression), qui est souvent un point de départ de la réflexion ; Et une autre attitude qui est de se dire : par rapport à ce que je dis de moi est-ce que profondément je me sens ainsi ».
    je donne un exemple pour illustrer.
    On peut dire « je suis timide »
    en regardant à partir d'un ressenti on dira peut-être : « je me sens toujours dévalorisé ou bête face à l'autre, et ça retient mon expression, je n'ose pas parler »
    et là-dessus on peut commencer à « travailler » sur : d'où ça nous vient et comment on peut changer ce comportement.
    Il arrivait qu'une personne dise dans un stage que j'animais:
    - moi je suis totalement incapable de parler en public.
    Et je répondais : mais c'est ce que vous venez de faire : parler en public…

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    1. Dieu appela chaque chose, chaque être vivant « par son nom »
      C’est aussi une façon de dire que chacun est unique et être attentif à la différence je crois (?). Moi aussi, je pense que l’identité est vitale. Mais selon les cultures, elles se « pose » différemment. Mais bon, c’est une autre histoire... :-)

      Je dis que la dépression fait partie de mon identité parce qu’elle m’a toujours accompagnée... en tout cas, il me semble, d’après ma mémoire. Depuis aussi loin qu’elle remonte, je me vois triste, à part, cyclique, et en posant les critères de la dépression sur ce que je me rappelle de moi, ça correspond.
      Je ne me souvient pas de moi heureuse de façon durable. Au max, quelques mois... Du coup, ce ne sont pas des épisodes mais une constante.
      Mais je me demande aujourd’hui, si ce n’est pas un « confort ». Plutôt que de lutter contre certaines choses... je fuis.

      Je suis totalement d’accord. D’ailleurs, ton exemple est bon parce que je me pensais timide et pourtant, je n’ai pas de problème pour parler à des inconnus ou un groupe... la seule condition étant qu’il y ait un sujet évident.
      Du coup, j’ai réalisé (ce que je ne savais pas) que j’avais bien plus de confiance en moi que je ne le pensais. Même s’il m’en manque pour certaines choses...

      Tu animais des stages de quoi ?

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    2. Connaissance de soi — développement de la personnalité — management d'équipe — coaching — aide à la personne individuelle — gestion des conflits — vie de couple —
      disons, globalement, avec comme fond de tableau ce qu'il est convenu d'appeler « la psychologie humaniste »

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