J’ai l’impression que quoi que je fasse, je ne peux pas
échapper à ma douleur morale. Je ne sais pas ce qui la provoque et je ne sais
pas ce que je peux y faire.
Avec le temps, j’ai développé des tactiques pour la
contenir et y échapper un peu. Mais en ce moment, je ne suis pas seule (chez
papa) et je n’y arrive plus. Et puis, elle est plus importante que d’habitude,
même si y a des progrès depuis quelques mois.
J’ai l’impression que je n’ai que la mort pour m’en
sortir.
Je viens de me mettre à pleurer en travaillant dehors
(chez papa). Pour une fois, je n’ai pas cherché à contenir parce qu’à force, je
me dis que tout garder à l’intérieur n’est forcément pas bon. Mais je n’ai pas
non plus la sensation d’aller mieux après. Peut-être que je suis plus calme.
Mes crises commencent souvent par de l’irritation qui se transforme en
tristesse.
Mais j’en vois pas la fin. Le mieux que je constate me
laisse neutre.
Je ne ressens pas de plaisir à faire les choses.
Pourtant, les gens qui travaillent n’ont pas toujours de plaisir à le faire, et
ils ne sont pas tous en dépression. Alors comment font-ils pour gérer cette absence
de plaisir ? Est-ce que je suis une petite fille gâtée qui ne supporte
rien ?
Est-ce que je gère si mal la frustration ou les
obligations que ça me rend dépressive ? Mais je ne vois pas ça autour de
moi. Je ne comprends pas.
Est-ce que c’est l’autisme qui me rend comme ça ?
Est-ce qu’au moins, je suis autiste ? J’ai tellement de questions et si
peu de réponses. Et même quand j’ai les réponses, ça ne change rien à cette
tristesse qui est au fond de moi en permanence.
Quand je lis des trucs qui disent qu’on doit vivre dans l’instant
présent, je me dis que dans mon cas, ce n’est pas valable. Je m’ennuie
tellement dans le présent. Au mieux, je ne ressens rien, au pire, tout m’énerve.
Le passé m’indiffère et le futur m’angoisse.
Alors je fais quoi ?
Quand je lis Frédéric Lenoir qui pose des principes si
justes dans ses livres… je suis complètement d’accord… mais je n’arrive pas à
appliquer… à le vivre. Je sais que c’est juste, mais je sais aussi que je me
sens complètement en dehors de la normale.