samedi 21 mars 2020

Impuissance apprise...




Un exemple un brin caricatural, pour bien illustrer : imaginez un bébé dont les parents réagissent très peu à ce qu'il fait. Il pleure ? Ses parents ne bougent pas. Il crie ? Silence radio. On peut supposer qu'en lui va se développer progressivement le sentiment qu'il n'a pas d'impact sur le monde environnant, qu'il ne peut rien 
obtenir des autres. Il ne va pas se le dire consciemment, bien sûr, surtout à son âge. C'est juste un sentiment, un ressenti, quelque chose dont il s'imprègne. Maintenant, pour simplifier à l'extrême le processus, notamment qu'il ne vive pas d'autres expériences allant dans le sens contraire, on peut imaginer qu'une fois devenu adulte, il deviendra fataliste, n'ira jamais vers les autres pour obtenir ce qu'il souhaite, ne cherchera pas à faire bouger les choses. Si un de ses amis le voit un jour dans une impasse, par exemple sur le plan professionnel, il ne pourra que constater sa passivité. Il aura beau essayer de le convaincre de réagir, d'aller frapper à des portes, de prendre sa situation en main, de contacter des gens, rien n'y fera. Cet ami va peut-être, d'ailleurs, le juger sévèrement, alors que son attitude résulte simplement de la conviction profonde, enfouie en lui, qu'il n'a pas d'impact sur le monde qui 'entoure et ne peut rien obtenir des autres. Il n'aura même pas conscience de croire cela. Pour lui, c'est ainsi, c'est la réalité, sa réalité.
(Laurent Gounelle)



lundi 16 mars 2020

9h

Je me sens différente et j’en ai pris conscience hier soir.
Ca fait quelques jours que quelque chose en moi change. Mais je ne sais pas bien quoi et depuis quand.
Quand je suis allée voir le gynéco, vendredi, j’ai vaguement pleuré en sortant. Mais bien moins que le vendredi d’avant, en sortant de chez le psy.
Entre les deux RV, je crois que quelque chose s’est enclenché.
Ce que je me dis depuis hier soir, c’est que la prise de conscience de ce qu’implique le Covid, a réveillé quelque chose d’instinctif. Comme un instinct de survie qui se réveille. Je m’inquiète pour mon Père & Co…
Depuis, la fermeture des écoles, des magasins et des lieux de rassemblement, donne une réalité nouvelle à la menace.
Ce n’est pas seulement de la maladie, dont on peut avoir peur aujourd’hui.
Et le confinement implique de prendre des décisions pour savoir comment gérer la pénurie à venir et où passer ce confinement.
Est-ce que je redescends pour voir ma fille ou est-ce que je reste chez mon père ? Est-ce que je vais en clinique ou non. Est-ce que je pourrai revenir chez papa comme je veux, par la suite ?
Et de la même façon que j’ai peur de le perdre, je tiens à passer du temps avec lui dans le risque qui apparait aujourd’hui.

13h30

Je reviens de mon RV avec Dally. J’ai été tellement différente de la dernière fois qu’il a confirmé son idée de « trouble de l’humeur ». Aujourd’hui, j’étais normale pour lui. Et je confirme. Je suis bien plus proche de ma normale que je ne l’ai été depuis ces 9 derniers mois ! D’ailleurs, j’ai plus d’énergie dans mon travail au jardin (c’est un bon repère).
Du coup, il m’a donné un régulateur de l’humeur.
Autant, la première fois, son attitude m’avais fait du bien, autant là, même si je l’apprécie, j’ai de nouveau l’impression que c’est un psy comme les autres. Sans doute parce que j’avais moins besoin de « présence ». Mais je vais rester ouverte aux propositions.
Cela dit, je me suis rendu compte en rentrant que j’ai déjà pris le médoc qu’il m’a donné, quand j’étais à la clinique. Du coup, il y a peu de chance que ça fonctionne.
Il a dit que je sentirai vite la différence, alors on verra bien.
Après, prendre un médoc quand je vais bien, rend un peu plus compliqué de savoir s’il est efficace.


lundi 9 mars 2020

Dénis de tristesse




Ce matin, je me suis levée fatiguée en ayant du mal à émerger. J’ai senti des douleurs dans les côtes. Et peu de temps après avoir mis les pieds par terre, j’ai ressenti les pleurs étouffés qui montaient.
Ca faisait plusieurs jours que je n’avais pas ressenti ces montées de pleurs à maîtriser. Au point que je me demandais si ça ne partais pas.

C’est étrange cette façon de vivre l’humeur présente comme si elle allait durer. J’ai quand même de nombreuses années d’expérience dans le domaine, mais rien n’y fait. Dès que je vais mieux, j’ai l’impression que c’est « acquis ».  Alors que ça n’a aucun sens ! Je suis bien trop variable pour ça.
Je sais de façon théorique que quand je me sens mieux, ce n’est qu’un passage, comme je sais que quand je vais mal, ça partira comme à chaque fois… pour mieux revenir !

Je crois quand même que ces successions qui font de ma vie une vaste incertitude, finissent par m’épuiser.
Je ne peux jamais compter sur rien.
Alors oui, c’est la nature même de la vie d’être changeante et incertaine. Mais moi, je vis ça sans que l’extérieur ne change, dans les mêmes conditions de vie. C’est donc une masse d’incertitude en plus, par rapport à la « normale ».

Quand j’écris ça, je me dis que ça ressemble à de la bipolarité. Mais non, parce que je n’ai pas les phases maniaques. Je ne peux même pas profiter de cette énergie là.


samedi 7 mars 2020

Souffrance reconnue



Je crois que j'ai un gros besoin de me raconter.
Sinon, comment expliquer que je parle autant de moi ou de mon état alors que je sais que les gens n'ont pas spécialement envie de l'entendre ?
Dally m'a dit que j'avais besoin de présence, de disponibilité et d'attention. Je ne sais pas bien ce qu'il veut dire par là, je ne suis pas sûre que le langage psy soit exactement le langage commun. Mais je sais que ça a touché une corde sensible quand il l'a dit !
Ça expliquerait aussi les longues années à écrire. Et ça expliquerait ma profonde solitude. Ou alors c'est cette façon autiste de raconter des trucs qui n'intéresse personne.  Mais dans ce cas, un de mes intérêts restreints, c'est moi. Et je ne peux pas dire que cet auto-centrage me ravisse !

J'ai sans doute aussi besoin de reconnaissance. Je ne sais pas si c'est plus dans le sens de reconnaître ma valeur ou mon appartenance.
Je crois aussi que j'ai envie qu'on reconnaisse ma souffrance. Mais là, je ne sais pas dire si c'est parce que j'aimerais qu'on m'aide (ou qu'on prenne en charge) ou si c'est parce que j'ai envie qu'on me "voit".

Quand GG m'a sorti son "Oh ben t'as souffert toi !", sur un ton que j'ai pris pour de l'ironie... ça m'a fait beaucoup de mal et me fait toujours monter la larme à l’œil. Alors que ça n'a finalement aucune importance qu'il me juge pleurnicharde ou plaintive. Ou bien... c'est juste le jugement que je porte sur moi et qu'il ne fait que me rappeler à quel point je me sens nulle d'être si faible.
J'ai demandé à Papa s'il était au courant de ma déprime et papa m'a dit que oui, il lui en avait parlé. D'après lui, cette réflexion n'était pas ironique. Je me suis peut-être trompée. Mais même comme ça, la douleur a du mal à passer. Alors il est plus que probable que ce jugement vienne de moi, bien avant de venir de GG !

A l'inverse, Dally a montré beaucoup d'étonnement devant le fait que je n'ai jamais tenté de me suicider, que je ne me drogue pas, etc... Et il a parlé de ma souffrance comme d'un fait évident et incontournable. Pour lui, je transpire la souffrance.
Alors c'est sûr que quand je me raconte dans le bureau d'un pro, surtout la première fois, je pleure toujours. Mais je n'ai pas l'habitude que, qui que ce soit, me parle de ma souffrance de cette façon naturelle et évidente.
J'ai ressenti comme un vide, comme si le sol se dérobait sous moi, en l'entendant. Je ne peux pas dire que ça m'ait fait du mal de l'entendre... c'est plutôt comme si ma méfiance se réveillait, comme sil me disait ce que je voulais entendre... ou ce qu'il pensait que je voulais entendre.
Ça ne m'a pas réconforté non plus de l'entendre me dire que je souffrais.
J'avais un peu l'impression qu'il exagérait. Mais si je regarde la scène objectivement... il est évident qu'il ne pouvait pas trop interpréter les choses différemment.



lundi 2 mars 2020

Fuite...



Je n'ai qu'une envie : celle de manger et de regarder la télé.
Et évidemment, j'en culpabilise.
Je suis inutile et parasite.
Je ne crois pas que dans cette société, le fait de n'avoir envie que d'un plaisir immédiat est facile soit vraiment une bonne chose.
D'ailleurs, les philosophes le disent, il vaut mieux avoir le sens de l'effort et de l'altruisme, pour être heureux. Hors moi, je n'aime pas le humains et les quelques auxquels je suis attachées, me retiennent un peu contre ma volonté dans une vie dont je n'ai franchement pas grand chose à foutre.