Quand j’étais au lycée, notre prof de français nous a demandé
de noter sur une petite feuille, ce qu’on pourrait dire à un camarade qui nous
dirait qu’il veut se suicider… pour l’en dissuader.
Je ne me rappelle pas bien ce que les autre ont dit… je me
souviens juste que ça ne m’aurait pas dissuadé…
En revanche, je me souviens
bien de ce que moi, j’ai écrit. Je connaissais bien le problème…
J’ai écrit… qu’il avait tout le temps pour passer à l’acte
et qu’il pouvait remettre à demain.
Pour moi, quand l’envie de mourir est pressante, il est
urgent de remettre à demain, parce que plus on attend, plus on a de chance que
la souffrance s’atténue et que les circonstances changent.
Le prof a mis les papiers dans une boite, et les a lus de
façon anonyme.
Quand il a lu le mien, il a dit que c’était débile.
Il faut dire que je n’avais pas su expliquer mon idée
complète sur une petite feuille.
Quand il a dit que c’était débile, je me suis sentie une peu
nulle et surtout, j’ai regretté d’avoir été franche, parce que c’est ce que je
pensais vraiment et que j’avais souvent utilisé cet « argument » sur moi-même.
Même s’il faut bien avouer, que je n’avais pas vraiment de
mode d’emploi pour vraiment passer à l’acte et que ça m’a probablement aidé… à
ne rien faire.
Aujourd’hui, j’ai 51 ans et je sais très bien comment m’y prendre…
mais je n’ai toujours rien fait alors que j’en ai envie… peut-être une des
seule choses dont j’ai envie en ce moment.
Mais je raconte tout ça, qui n’a pas grand intérêt… parce
que je viens de tomber sur une page internet qui me dit qu’en fait … je n’avais
peut-être pas dit une si grande débilité…
La deuxième chose que je veux vous suggérer est de vous donner du recul. Dites-vous, "j'attendrai 24 heures avant de faire quoi que ce soit." Ou une semaine. Souvenez-vous que sensations et actions sont deux choses différentes - que vous ayez le sentiment de vouloir vous tuer, ne signifie pas que vous devez le faire maintenant. Mettez du recul entre vos sensations suicidaires et un passage à l'acte. Même si ce n'est que 24 heures. Vous en avez été capables 5 minutes en lisant cette page. Vous pouvez le faire encore 5 minutes en continuant à la lire. Continuez et prenez conscience du fait qu'alors que vous vous sentez encore suicidaire, vous n'êtes pas, en ce moment, en train d'agir en ce sens. C'est très encourageant pour moi, et j'espère que cela l'est pour vous.