samedi 29 février 2020

Routine



Voilà... je m'installe dans une petite routine mentale. Ma souffrance est moins violente. Mais c'est une routine qui m’entraîne vers le vide. Je ne me sens plus au bord de la falaise, mais plutôt sur une pente douce.
Douce. Confortable. Une routine.
Je me réveille et soit, je me demande pourquoi je suis encore vivante, soit je ne prends pas le temps de me poser la question et je me lève.

Aujourd'hui, je me suis sentie moins mal que d'habitude. C'est sans doute ce qui me permet d'écrire cette note.
Mais même dans ces moments là, je ne peux pas dire que je sois "bien". Bon en même temps, j'avoue que je commence à oublier ce que veut dire "bien". Et en même temps, même les jours où je pleure et où j'ai mal, parfois, j'ai presque l'impression de me sentir "bien".
C'est que le fait de fondre en larmes devant un trucs insignifiant ou même devant rien, est devenu normal... tellement normal.
Les jours où je ne pleure pas me semble presque hors norme. Mais sans plus.
Enfin bref, mon mode de fonctionnement est devenu assez stable.

Mon psy qui me demandait si j'ai des idées noires, si je me sens triste... est assez loin du compte en fait. C'est  plutôt que je ressens de moins en moins de choses.
Il faudrait que je développe plus mais grosso-modo, je ressens du vide, une absence de "ressenti", une vague honte, parfois une "haine" de moi. Ce qui fait écho à ce que je ressens pour les humains.

Parfois je me demande si je n'entretiens pas cet état. J'ai la sensation que je n'ai pas envie de changer et d'aller mieux.
J'ai de moins en moins envie de vivre... à moins que j'ai de plus en plus envie de mourir, ça dépend des jours.
Aujourd'hui, je suis dans la quasi certitude que je ne mourrai pas de mort naturelles. Pas tout de suite parce que j'ai encore mon père et ma fille.

Je suis allée voir le médecin de papa, pour qu'il me conseille éventuellement un psy et qu'il me lise ma prise de sang. J'ai évidemment pleuré. Je lui ai parlé du fait que parfois, "j'ai juste envie de me flinguer". Le pauvre, il m'a avoué que je le mettais dans une situation difficile. Je l'ai trouvé honnête, à l'écoute, vraiment bien. Papa et sa femme regrette qu'il parte en retraite et je le comprends !

Je lui ai dit que je trouvais que Papa devenait de plus en plus fragile et que je ne pouvais pas lui "faire ça". Je lui ai dit que papa a son petit côté autiste aussi et qu'il ne déchiffrait pas trop les expressions faciales et que ça me facilitait les choses pour l'épargner parce qu'il ne voit pas quand je viens de pleurer. Le médecin m'a dit qu'il était très sensible. Ca m'a surprise qu'il me le dise comme ça, mais c'est vrai... même si je ne le sais pas depuis très longtemps... enfin... tout est relatif... Ca fait quand même quelques années.  Mais je le pensais dur, dans ma jeunesse. J'en ai assez souffert.

Je le vois vieillir. Et ce que je viens de vivre avec Maman me donne une idée de ce qui risque de se passer pour moi dans quelques années, que j'espère les plus nombreuses possibles.