samedi 7 mars 2020

Souffrance reconnue



Je crois que j'ai un gros besoin de me raconter.
Sinon, comment expliquer que je parle autant de moi ou de mon état alors que je sais que les gens n'ont pas spécialement envie de l'entendre ?
Dally m'a dit que j'avais besoin de présence, de disponibilité et d'attention. Je ne sais pas bien ce qu'il veut dire par là, je ne suis pas sûre que le langage psy soit exactement le langage commun. Mais je sais que ça a touché une corde sensible quand il l'a dit !
Ça expliquerait aussi les longues années à écrire. Et ça expliquerait ma profonde solitude. Ou alors c'est cette façon autiste de raconter des trucs qui n'intéresse personne.  Mais dans ce cas, un de mes intérêts restreints, c'est moi. Et je ne peux pas dire que cet auto-centrage me ravisse !

J'ai sans doute aussi besoin de reconnaissance. Je ne sais pas si c'est plus dans le sens de reconnaître ma valeur ou mon appartenance.
Je crois aussi que j'ai envie qu'on reconnaisse ma souffrance. Mais là, je ne sais pas dire si c'est parce que j'aimerais qu'on m'aide (ou qu'on prenne en charge) ou si c'est parce que j'ai envie qu'on me "voit".

Quand GG m'a sorti son "Oh ben t'as souffert toi !", sur un ton que j'ai pris pour de l'ironie... ça m'a fait beaucoup de mal et me fait toujours monter la larme à l’œil. Alors que ça n'a finalement aucune importance qu'il me juge pleurnicharde ou plaintive. Ou bien... c'est juste le jugement que je porte sur moi et qu'il ne fait que me rappeler à quel point je me sens nulle d'être si faible.
J'ai demandé à Papa s'il était au courant de ma déprime et papa m'a dit que oui, il lui en avait parlé. D'après lui, cette réflexion n'était pas ironique. Je me suis peut-être trompée. Mais même comme ça, la douleur a du mal à passer. Alors il est plus que probable que ce jugement vienne de moi, bien avant de venir de GG !

A l'inverse, Dally a montré beaucoup d'étonnement devant le fait que je n'ai jamais tenté de me suicider, que je ne me drogue pas, etc... Et il a parlé de ma souffrance comme d'un fait évident et incontournable. Pour lui, je transpire la souffrance.
Alors c'est sûr que quand je me raconte dans le bureau d'un pro, surtout la première fois, je pleure toujours. Mais je n'ai pas l'habitude que, qui que ce soit, me parle de ma souffrance de cette façon naturelle et évidente.
J'ai ressenti comme un vide, comme si le sol se dérobait sous moi, en l'entendant. Je ne peux pas dire que ça m'ait fait du mal de l'entendre... c'est plutôt comme si ma méfiance se réveillait, comme sil me disait ce que je voulais entendre... ou ce qu'il pensait que je voulais entendre.
Ça ne m'a pas réconforté non plus de l'entendre me dire que je souffrais.
J'avais un peu l'impression qu'il exagérait. Mais si je regarde la scène objectivement... il est évident qu'il ne pouvait pas trop interpréter les choses différemment.



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